sexta-feira, 1 de novembro de 2019

CETTE MARÉE NOIRE, C´EST NOTRE TCHERNOBYL

LE MONDE


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« Cette marée noire, c’est notre Tchernobyl » 


La comparaison en dit long sur l’ampleur du désastre. Dans le Nordeste, depuis la fin du mois d’août, 2 500 kilomètres de côtes ont été souillés par le pétrole. Face au drame, les Nordestins, dans un extraordinaire élan citoyen, se sont élancés par milliers vers la mer, agenouillés dans le sable pour nettoyer, gratter, astiquer la plage, descendant en famille ou par villages entiers – souvent dans la plus grande confusion. Adultes et parfois enfants s’immergent dans l’eau poisseuse, poussant à main nue les nappes de pétrole. Des dizaines de cas d’intoxication ont été rapportés par les hôpitaux.
Malgré le danger, la mobilisation ne faiblit pas. Au contraire. Car il y a urgence à pallier les manquements d’un gouvernement jusqu’à présent passif face à la catastrophe, qui affecte pourtant 9 des 27 Etats de la fédération brésilienne. « Le Nordeste est puni, car il a voté massivement à gauche, contre Jair Bolsonaro, aux dernières présidentielles de 2018. Si tout ça arrivait à Rio ou dans le Sud, le pouvoir agirait, c’est sûr », grommelle Henrique. Officiellement, aujourd’hui, marine et armée sont mobilisées. « Mais personne ne sait ce qu’ils font exactement. Ici, on ne les a toujours pas vus arriver ! », se plaint un haut responsable de l’Etat de Bahia.


Omerta sur l’enquête
Car, même si cela semble incroyable, deux mois après le début de la marée noire, nul ne connaît l’origine du désastre. S’agit-il d’un « pétrolier fantôme » qui aurait sombré ? D’un transfert de mazout entre deux navires qui aurait mal tourné ? D’une plate-forme qui aurait fui ? Nul ne sait. La police fédérale et la marine maintiennent l’omerta sur l’enquête en cours, qui traîne en longueur. « Si ça doit prendre deux cents ans, alors on prendra deux cents ans jusqu’à ce que l’on trouve [les coupables] », a déclaré l’amiral Ilques Barbosa Júnior, chef de la marine brésilienne.
Pour avoir un début de réponse, il faut rendre visite à Olivia Oliveira, directrice de l’Institut de géoscience à l’université fédérale de Bahia. Devançant un Etat indifférent, celle-ci a effectué en octobre un vaste travail de recherche par chromatographie sur des échantillons de pétrole retrouvés à Bahia. Conclusion : « A priori, on peut affirmer que ce brut proviendrait des bassins pétrolifères vénézuéliens. Il a l’empreinte digitale typique des roches de cette région », explique la chercheuse, ajoutant que ce mazout, lourd et visqueux, se déplaçant en profondeur, aurait « passé au moins deux mois dans l’eau avant d’arriver sur les côtes ».

Cela ne dit, en réalité, pas grand-chose sur le déroulé exact des événements, renforçant cependant l’hypothèse d’un accident survenu sur un navire de contrebande, qui aurait peut-être tenté d’exporter illégalement du pétrole vénézuélien, visé par des sanctions américaines. Mais il n’en fallait pas plus pour nourrir les théories conspirationnistes d’extrême droite, voyant dans la catastrophe en cours une attaque de Caracas avec – pourquoi pas ? – l’aide d’ONG et même de la France d’Emmanuel Macron, bête noire de Jair Bolsonaro. Autant de théories ubuesques, pourtant relayées par les ministres du gouvernement, et jusqu’au président lui-même sur Twitter.


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