segunda-feira, 14 de outubro de 2019

KURDES: LA FIN D´UN MONDE

Qamishli, kurdistan syrien, le 12 octobre 2019. Enterrement de 4 habitants de Qamishli et de ses environs,  tués lors de l'opération turque

Réduits à solliciter le renfort de Damas, les Kurdes pleurent la fin d’un monde

Par Allan Kaval


A l’hôpital de la Miséricorde, à Kamechliyé, la plus grande ville kurde de Syrie, le monde semble s’être effondré, dimanche 13 octobre. Un homme hurle de douleur, la peau du visage en lambeaux, tandis qu’un soignant lui bande la jambe et qu’un autre, impassible, inscrit au marqueur sur son torse des instructions médicales. Une infirmière sexagénaire, les yeux fardés à l’excès, observe la scène, debout dans la cohue. Le docteur Shamel a du sang sur sa blouse verte tout élimée. Il vient de recoudre une blessure profonde. « Trump, Macron, Johnson… Vous nous avez utilisés, maintenant vous vous débarrassez de nous ! Les seuls responsables de tout ça, c’est cette coalition de menteurs, ce Conseil de sécurité de menteurs, ces pays de menteurs », scande le docteur Shamel, dans un anglais furieux, désespéré.
Un homme qui passe dans le hall, mis sens dessus dessous, reprend la parole : « Qu’est-ce qu’on vous a fait, nous, les Kurdes ? » Les blessés hurlants, les brûlures, les corps cassés, le désespoir qui règne dans le petit hôpital de quartier de Kamechliyé sont les échos d’un massacre aux victimes encore chaudes. Plus tôt dans la journée, l’artillerie turque a décimé un convoi de civils, encadrés par les forces kurdes, se dirigeant vers Ras Al-Aïn, à une centaine de kilomètres à l’ouest, pour protester, à leur corps défendant, contre l’invasion menée par la Turquie et ses milices islamistes. Quatorze au moins sont morts, portant le nombre des victimes depuis le début de l’offensive turque, le 9 octobre, à 60 civils et 104 combattants kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Parmi le flot de blessés dans ce convoi se trouve l’homme qui hurle à l’hôpital de la Miséricorde.

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