Le récit en images de la cérémonie tout en couleurs de l'entrée de Joséphine Baker au Panthéon
Une cérémonie en couleur, émouvante et très moderne. Le cénotaphe de Josephine Baker a remonté doucement la rue Soufflot, plongée dans les projecteurs tricolores et les paroles des Josephine Baker. Voici le récit en images de la panthéonisation présidée par Emmanuel Macron.
Quarante-six ans après sa mort en 1975, Joséphine Baker revient en pleine lumière mardi en entrant au Panthéon pour y rejoindre les grandes figures françaises grâce à sa vie extraordinaire d'artiste de music-hall, de résistante et de militante antiraciste.
Femme, noire, artiste de scène et née à l'étranger, Joséphine Baker est la sixième femme - sur 80 personnages illustres - à entrer au Panthéon. Cette cérémonie a été l'occasion d'une scénographie simple et moderne, avec un panthéon aux milles couleurs. La cérémonie qui a débuté vers 17h40 a été tour à tour joyeuse, grâce aux chansons de Joséphine Baker, tantôt très émouvante, notamment lorsque du chant des Partisans ou lors de l'entrée du cénotaphe au cœur du monument, accompagné par la musique de Pascal Dusapin.
Le public le long de la rue Soufflot
La cérémonie a commencé vers 17h40 alors que la foule s'est massée le long de la rue Soufflot montant au Panthéon depuis le jardin du Luxembourg, pour rendre hommage à l'artiste, résistante et militante anti-raciste, une combattante qui chante, comme elle aimait à se définir.
Une passante a même revêtue une ceinture de bananes pour rendre hommage à la star du music-hall, en référence au costume de scène qu'elle a dû arboré lors d'un de ses spectacles aux Folies Bergères.
Camille a 22 ans. Elle est arrivée après les cours dès 15h30. Elle est étudiante en histoire à la Sorbonne. "Mon pays est Paris" est l'une de ses chansons préférées. Elle connaît Joséphine Baker depuis cinq ou six ans ans. Elle attendait sa panthéonisation car Baker est très proche de la France. Elle a beaucoup apporté, notamment pour les femmes noires. "Elle devait entrer au Panthéon" dit-elle. Pour Camille, "Joséphine Baker est synonyme de l'insouciance et de la gaieté des années 20".
Le cénotaphe et les médailles de Joséphine Baker
Les invités attendaient pendant ce temps à l'intérieur du monument, notamment beaucoup d'artistes, comme Line Renaud, Catherine Frot, François Cluzet, ainsi que le prince Albert II de Monaco, puisqu'elle fut monégasque, et grande amie de la princesse Grâce.
A 18h le cénotaphe de Joséphine Baker attendait au bas de la rue. La dépouille de Joséphine Baker n'est pas dans ce cercueil, puisque sa famille a décidé de la laisser reposer dans le cimetière marin de Monaco, aux côtés de son dernier mari et de l'un de ses enfants. Symboliquement, ce cénotaphe a été rempli de poignées des quatre terres chères à Joséphine Baker : sa ville natale de Saint-Louis, Paris qui l'a rendue célèbre, le château des Milandes en Dordogne où elle installa sa tribu "arc-en-ciel", et Monaco où elle a vécu les dernières années de sa vie.
La voix de la comédienne Sephora Pondi, pensionnaire de la Comédie française, retraçant la vie de Joséphine Baker a été diffusée durant toute la progression du cortège sur la rue Soufflot.
Chanson de cabaret et chant des partisans
C'est la chanson "Me revoilà Paris", l'une des plus célèbres chansons de Joséphine Baker qui a retentit au début de la cérémonie, lui donnant une atmosphère de cabaret.
L'ambiance a été ensuite plus solennelle. Six porteurs de l’Armée de l’Air et de l’Espace ont porté le cénotaphe de Joséphine Baker, couvert du drapeau français, suivi par une aviatrice de l’Armée de l’Air et de l’Espace portant le coussin sur lequel étaient placées les cinq décorations de Joséphine Baker : Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre 1939/1945 avec Palme de Bronze, Médaille de la Résistance, Médaille Commémorative des Services Volontaires de la France Libre, Médaille Commémorative Française de la Guerre de 39-45.
Les différents moments ont ainsi permit de rappeler que Joséphine Baker a été une artiste éprise de liberté. Les images projetées ont montré les grandes capitales où la star s'est produite, ainsi que son engagement dans la résistance et dans l'armée.
Le chant des partisans entonné par l'armée
Le chœur de l’armée française a interprété le Chant des Partisans avant que soixante enfants de la chorale de la maîtrise populaire de l’Opéra-comique interprètent "Dans mon village".
Après la diffusion de sa plus célèbre chanson : "J'ai deux amours, mon pays et Paris", un montage vidéo illustrant la vie de la chanteuse, de la scène parisienne à son discours aux côtés de Martin Luther King, a été projeté sur la façade du Panthéon.
"L’égalité de tous avant l’identité de chacun"
"In Nomine Lucis", œuvre chorale du compositeur contemporain Pascal Dusapin, a accompagné l'entrée du cénotaphe dans la nécropole républicaine où Emmanuel Macron a rendu hommage aux multiples combats de l'artiste.
Le chef de l'Etat a pris la parole à 18h35.
"Vous entrez dans ce Panthéon où s'engouffre avec vous un vent de fantaisie et d'audace. Pour la première fois ici une certaine idée de la liberté et de la fête", a dit Emmanuel Macron. "Vous entrez dans ce Panthéon parce que, née américaine, il n'y a pas plus française que vous".
"Elle entre ici pour nous rappeler à nous mêmes, qui mettons tant d’entêtement à vouloir l’oublier, l’insaisissable beauté de notre destin collectif : nous qui sommes une nation de combat, fraternelle, que l’on désire, que l’on mérite, qui n’est elle même que lorsqu’elle est grande et sans peur" a-t-il dit. Il a rappelé qu'elle fut "fulgurante de beauté et de lucidité dans un siècle d’égarements", et "qu'elle fit, à chaque tournant de l’Histoire, les justes choix, distinguant toujours les Lumières des ténèbres".
"Sa cause était l’universalisme, l’unité du genre humain. L’égalité de tous avant l’identité de chacun. L’hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L’émancipation contre l’assignation".
Le cénotaphe, couvert du drapeau français, restera toute la nuit dans la nef. Mercredi, au cours d'une cérémonie familiale, il sera installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l'écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l'an dernier.
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