Par son enfermement dans le refus de l’existence d’Israël et son recours au terrorisme, le mouvement islamiste est le garant d’un conflit sans fin. Mais, prospérant sur les décombres du Fatah et de la diplomatie internationale, il risque de s’imposer comme l’unique voix de la cause palestinienne.
Il a fallu trois jours avant de pouvoir dresser un bilan de l’attaque du Hamas livrée sur le sol israélien, aux portes de Gaza, le 7 octobre. Trois jours avant de pouvoir accéder au théâtre d’une tragédie inédite dans l’histoire israélienne pour en prendre la pleine mesure. A cette lumière crue, le constat est implacable : des massacres sans précédent ont été perpétrés par les miliciens du Hamas dans les localités israéliennes.
Sans précédent par le nombre de victimes. Sans précédent par le niveau de violence déployé. Les civils en ont payé le prix le plus élevé. Sur le site de la rave-party organisée à proximité de Gaza, dans le kibboutz de Be’eri comme dans celui de Kfar Aza, où Le Monde a pu se rendre avec d’autres le 10 octobre, les témoignages des secours et des survivants décrivent un déchaînement indiscriminé qui s’est abattu sur des enfants, des adultes et des personnes âgées.
S’y ajoute un nombre inédit d’otages transférés à Gaza afin de servir à la fois de monnaie d’échange et de boucliers humains contre les opérations de l’armée israélienne. Des opérations qui, en trois jours, ont déjà causé la mort de plus d’un millier de personnes, là aussi principalement des civils.
Compte tenu des passions qu’a toujours suscitées le drame israélo-palestinien, il était prévisible que cette horreur allait alimenter des polémiques sur la qualification de ces massacres. Les faits parlent d’eux-mêmes. Des crimes de masse d’une violence inouïe ont été commis le 7 octobre. Le reconnaître permet d’en tirer le principal enseignement pour les Palestiniens.
Une force indiscriminée
La légitimité de la cause palestinienne, la liberté de vivre en toute sécurité au sein de leur propre Etat, ne peut être contestée par quiconque respecte le droit et l’histoire, et il ne s’agit pas de dire aux Palestiniens qui doit les représenter. Mais, après cet effroyable bain de sang, le pire pour eux serait que le Hamas devienne la figure et la voix exclusive de leurs revendications.
Les habitants de Gaza ont déjà pu faire l’expérience de sa férule impitoyable. On ne peut que constater que, par son enfermement dans un refus irrévocable de l’existence d’Israël et par son recours au terrorisme comme à la violence telle qu’elle s’est déchaînée autour de Gaza, le Hamas est la garantie d’un conflit sans fin. Cette violence alimente d’ailleurs un autre radicalisme, adossé abusivement à la religion juive, qui, sur le strict plan de l’idéologie, procède du refus symétrique du moindre partage de la terre comme de la reconnaissance d’un autre peuple.
Le Hamas prospère sur des décombres. Ceux laissés par l’armée israélienne lorsqu’elle s’efforce de l’éradiquer régulièrement à Gaza, en usant d’une force qui se révèle elle aussi indiscriminée. Ceux d’une Autorité palestinienne reposant sur une Organisation de libération de la Palestine moribonde et sur un parti nécrosé, le Fatah, réduit désormais au rôle de supplétif sécuritaire d’Israël. Ceux de dialogues de paix qui ont disparu avec le retour au pouvoir de Benyamin Nétanyahou en 2009, après des occasions manquées dans lesquelles les Palestiniens ont pris toute leur part. Ceux d’une diplomatie internationale, enfin, qui s’est détournée du dossier palestinien en souscrivant à la thèse hasardeuse de son extinction inéluctable. Mais le Hamas ne se contente pas de prospérer sur ces ruines. Il vient d’y ajouter les massacres du 7 octobre qui, en franchissant le palier de la barbarie, disent ce qu’il est.
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