quarta-feira, 28 de setembro de 2022

BRÉSIL: LA FIN DU CAUCHEMAR?

Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux et les débats qu’ils suscitent parfois au sein de la rédaction. Avant la présidentielle du 2 octobre, nous avons choisi de composer un numéro spécial sur le Brésil. Jair Bolsonaro va-t-il être battu par Lula, le revenant, donné favori ? D’ores et déjà, le président d’extrême droite a annoncé qu’il refuserait le résultat. Quel risque pour la démocratie ? Nous consacrons d’autre part 11 pages à la culture brésilienne : de la chanteuse Anitta aux auteurs noirs qui bousculent la scène littéraire, un panorama des nouveaux talents du pays.


Courrier international

 

Avant la présidentielle du 2 octobre, nous avons choisi de consacrer un numéro spécial au Brésil. Jair Bolsonaro va-t-il être battu par Lula, le revenant, donné favori ? COURRIER INTERNATIONAL


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“S’il remporte l‘élection, il pourra se vanter d’avoir fait le come-back, sinon du siècle, au moins de la décennie.” Le 2 octobre, les Brésiliens élisent leur président et c’est de Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, que le Financial Times parle ici.

Il faut dire que l’ancien ouvrier métallurgiste, leader du Parti des travailleurs, élu deux fois consécutivement à la tête de l’État brésilien entre 2002 et 2010, revient de loin. Emprisonné pour plusieurs chefs de corruption en 2018, il aura passé en tout près d’un an et demi dans les geôles fédérales. Avant d’être libéré, de retrouver ses droits politiques et de faire son grand retour (et la une de Time en mai accessoirement, le prestigieux magazine titrant alors : “Lula, acte II”) .


Ce n’est pourtant pas lui que nous avons choisi de mettre en une à l’occasion de ce scrutin, mais bien son principal adversaire, le président sortant Jair Bolsonaro, l’ancien militaire d’extrême droite, dont l’élection en 2018, deux ans après celle de Donald Trump aux États-Unis, avait provoqué un séisme dans un pays marqué par des années de dictature. Jair Bolsonaro, qualifié depuis de “Trump tropical” pour sa politique tout autant que ses méthodes, sera-t-il tenté par un scénario qui s’inspirerait de l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021 à Washington ? De nombreux commentateurs de la presse étrangère le redoutent. Et nous leur donnons largement la parole dans ce numéro.


Pour Público, c’est l’avenir de la démocratie qui se joue ni plus ni moins dans cette élection. S’il perd, estime le quotidien portugais, le président sortant contestera le résultat et “proposera un retour à la dictature”. Dans le même ordre d’idées, un universitaire explique dans The New York Times que ce que veut Bolsonaro, au fond, c’est le chaos permanent :

“Bolsonaro n’a pas l’intention de quitter ses fonctions, quel que soit le verdict des urnes. Mais ce n’est pas à un coup d’État qu’il songe – pour lequel il aurait besoin du soutien des élites et de la passivité du peuple. Ce qu’il souhaite, c’est une révolution.”


Toute la politique menée depuis quatre ans par Bolsonaro plaide pour ce scénario, insiste l’auteur.

“Plutôt que de diriger le pays, il a tout fait pour le dérégler. Il a refusé de pourvoir des postes essentiels, placé à des postes importants des fidèles ne possédant aucune compétence technique, coupé le financement de plusieurs programmes sociaux, et il n’a pas mis en place la moindre réponse coordonnée pour faire face à la pandémie de Covid-19, qui a fait plus de 680 000 morts au Brésil.”

Le bilan économique de Jair Bolsonaro est consternant – l’économie du pays est l’une des plus fermées du monde –, sans parler de son bilan écologique. Il faut lire le témoignage d’Eliane Brum, journaliste et écrivaine qui raconte les destructions de l’Amazonie, visibles depuis sa fenêtre, dans El País América.


À lire aussi le reportage d’O Globo sur les classes moyennes au Brésil (dont le vote sera déterminant pour l’issue du scrutin) pour mieux comprendre l’état dans lequel Jair Bolsonaro laisse le pays. “L’extrême pauvreté a progressé de plus de 30 % l’année dernière, pour toucher 14 % de la population”, explique le Financial Times.

Quatre ans après l’élection d’un président ouvertement raciste, misogyne et homophobe, il nous semblait important de consacrer un numéro spécial au Brésil, ce géant d’Amérique latine qui est peut-être en passe de tourner la page Bolsonaro, malgré les risques évidents qui pèsent sur l’après-présidentielle.

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Le pays est certes aujourd’hui plus divisé que jamais. Il n’en reste pas moins qu’il est d’une richesse incroyable. Outre les enjeux politiques du scrutin, nous avons voulu aussi montrer largement un autre visage du Brésil, celui de sa créativité.

De la chanteuse Anitta – née dans une favela de Rio et devenue aujourd’hui la meilleure ambassadrice d’une nouvelle génération d’artistes issus de communautés autrefois marginalisées au Brésil –, aux auteurs noirs qui bousculent la scène littéraire, de la dernière telenovela en vogue au portrait d’une tiktokeuse en Amazonie, nous consacrons 11 pages aux nouveaux talents de la culture brésilienne. Pour découvrir le Brésil autrement. Bonne lecture.

Claire Carrard


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