Palestine, ne jamais cesser de dénoncer l’horreur
Des corps calcinés, déchiquetés. Des familles qui pleurent, hurlent la perte de leurs proches. Des enfants qui errent, des milliers d’orphelins livrés à leur propre sort. Depuis neuf mois, les images en provenance de la bande de Gaza sont les mêmes. Elles défilent sous nos yeux, sans aucun filtre. Malgré les centaines de journalistes assassinés par Israël pour tenter de cacher aux yeux du monde le génocide en cours à Gaza, personne ne peut ignorer ce qui se passe aujourd’hui.
Et malgré ça nous assistons toujours au même scénario, inlassablement : d’abord les images sur les réseaux sociaux. La dépêche AFP qui arrive. Le récit froid d’un massacre. Les « explications » de l’armée israélienne. Parfois les condamnations de la France et d’autres. La promesse de sanctions. Et puis plus rien jusqu’au nouveau massacre. Jusqu’à quand ? Jusqu’à quand la France va-t-elle pouvoir se regarder dans une glace alors qu’elle livre des armes à un gouvernement génocidaire ? Jusqu’à quand l’Union Européenne va-t-elle pouvoir être crédible en sanctionnant les crimes russes tout en protégeant ceux commis par Israël ? Jusqu’à quand la communauté internationale va-t-elle être en mesure d’être prise au sérieux alors qu’elle continue de livrer des armes à Israël qui vont servir à assassiner des enfants ?
Deux sentiments guettent les défenseurs de la paix. D’abord le
désespoir. Il ne faut pas le nier. À chaque fois notre certitude « cette fois
les image sont terribles, c’est un tournant, les gens vont réagir, ce n’est pas
possible autrement » vient se fracasser sur la réalité d’une communauté
internationale qui feint l’émotion pour mieux regarder ailleurs. Ensuite la
colère. Comment des gens peuvent-ils encore rester silencieux, voire pire
soutenir ce qui se passe à Gaza ? De retour de la polio à l’utilisation de la
famine comme arme de guerre en passant par usage de la torture, l’assassinat de
soignants, les tirs de snipers sur les enfants ou encore la destruction
méthodique de l’accès à l’eau, tout est documenté et sourcé. Personne ne peut
dire, ou ne pourra dire, « je ne savais pas ». Il y a ceux qui savent et qui
cautionnent, mais pour moi les plus lâches sont ceux qui préfèrent faire comme
si cela n’existait pas. L’histoire ne les oubliera pas.
La violence contre les Palestiniens se poursuit
au-delà de la bande de Gaza. Les attaques de colons
Israéliens sur le village de Jit en Cisjordanie mettent une fois de plus en
lumière ce qui se joue devant nous. Ce n’est pas une guerre, encore moins une
opération de légitime défense. C’est l’exécution d’un projet politique mûri
depuis des décennies. Contrairement aux propos du président Isaac Herzog et de
son gouvernement il ne s’agit pas « d’acte isolé » mais bien de la «
conséquence directe de la politique d'Israël de colonisation en Cisjordanie »
pour reprendre les mots de la porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux
droits de l'homme, Ravina Shamdasan. Ne reculant devant aucune ignominie,
Israël Herzog a affirmé sur X que cette attaque nuisait « à la communauté
des colons respectueux de la loi et à la colonie dans son ensemble ». Comme
s’il y avait des colonies respectueuses et d’autres violentes ! Dans un rapport
qui court sur la période de novembre 2022 à fin octobre 2023, soit avant le
déclenchement du conflit actuel à Gaza l’ONU avait indiqué que l'établissement
et l'expansion continue des colonies « équivalent au transfert par Israël de sa
propre population civile vers les territoires qu'il occupe » et « de tels
transferts constituent un crime de guerre ». Israël mène un projet
colonial constitutif de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité,
incompatible avec la paix.
Alors que nous avons franchi le seuil de 40.000 morts, nous savons que
le bilan est largement supérieur. L’ensemble des experts militaires, qu’on ne
saurait accuser d’être des insoumis, s’accorde sur cette réalité. Un bilan qui
ne doit rien au hasard. Un bilan assumé au plus haut niveau de l’État
israélien.
Face à cela nous devons continuer à agir. Utiliser tous les leviers à notre disposition pour faire cesser ce
massacre. La première négation de ce que vivent les Palestiniens tient dans la
tentative des relais du gouvernement israélien en France d’interdire l’usage du
mot génocide. Il faut utiliser ce mot, pas simplement car il permet d’éveiller les
consciences du monde sur ce que commet Israël mais parce qu’il repose sur des
éléments concrets, documentés, factuels qui permettent de qualifier
juridiquement la situation de génocide.
Ne jamais cesser de parler de la Palestine. La plus grande victoire des criminels de guerre israéliens serait de
réussir à invisibiliser aux yeux du monde la souffrance du peuple palestinien.
Ce qui se joue en Palestine va dessiner l’avenir du monde. Deux chemins peuvent
s’ouvrir : celui, enfin, où la communauté internationale décide d’agir
pour faire cesser un génocide, envoyant un message d’espoir et d’humanité au
peuple du monde entier ; l’autre, qui peut faire basculer le monde dans la
guerre généralisée, celui où la loi du plus fort dessine les frontières et l’avenir
des peuples, peu importe que le sang de milliers d’innocents coule.
L’Histoire n’oubliera pas ceux qui se rendent aujourd’hui complices de
ce génocide. L’Histoire n’oubliera jamais ces femmes et ces hommes qui viennent
sur les plateaux télés, sourire aux lèvres, expliquer que l’armée israélienne
est la plus morale du monde, qu’elle protège les Palestiniens du mieux qu’elle
peut. Ces gens finiront dans les poubelles de l’histoire, aux côtés des pires
régimes que l’humanité a vu naître. Je ne serai jamais du côté des lâches, ceux
qui ferment les yeux et se bouchent les oreilles pour ne pas avoir à prendre
position. Pour ma part, je les mets au même niveau le gouvernement d’extrême
droite israélien tant leur complicité silencieuse permet aujourd’hui à ce dernier
d’agir dans l’impunité la plus totale. Je ne serai jamais du côté des
génocidaires mais toujours du côté de la paix et du droit à l’autodétermination
des peuples. Vive la Palestine et les peuples du monde.
Député de Seine-Saint-Denis et Président de l'observatoire national de l'extrême droite.
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