segunda-feira, 28 de março de 2022

LA NOUVELLE BABYLONE

 Escale à São Paulo, la nouvelle Babylone

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 La mégalopole brésilienne réveille son architecture avec le projet colossal de la Cidade Matarazzo, orchestré par Jean Nouvel, Rudy Ricciotti et Philippe Starck. Une occasion également de (re)découvrir les architectes paulistes connus ou méconnus.

 

Des forêts de tours à perte de vue, des embouteil­lages ubuesques, un permanent nuage de pollution… La carte postale de São Paulo, a priori, ne fait pas rêver. Capitale économique du Brésil, elle a le rythme des affaires dans la peau, bien avant celui de la samba. On vit en accéléré dans un ­chaos incessant sur terre et dans les airs – le ballet d'hélicoptères est impressionnant. Et pourtant « Sampa », comme on l'appelle ici, a de quoi séduire avec sa scène culturelle vibrante et ses tables qui sont les meilleures du pays. Tenta­culaire, sa taille de 1521 km (contre 105 km pour Paris) appartient au monde des géants. C'est peut-être cela qui fascine autant. Comment vit-on au milieu de plus de 20 millions d'habitants ?

 

Bas du formulaire

L'entrepreneur français Alexandre Allard n'a pas la réponse, mais donne des pistes pour la ville de demain. Son dernier projet, la Cidade Matarazzo, est une folie des temps modernes. Habité par l'urgence de préserver la planète, il met en scène le joyau vert brésilien, réconciliant nature et jungle urbaine. Des jardins suspendus de Babylone, version XXIe siècle. Dix mille arbres et arbustes seront plantés dans cette ancienne maternité, longtemps abandonnée, qui accueillera sur près de 30.000 m² des bureaux, un studio d'enregistrement, un cinéma, un centre culturel, des boutiques et une multitude de restaurants. Pour l'heure, seul l'hôtel Rosewood, le premier en Amérique du Sud, est ouvert. Il a été aménagé par Philippe Starck. Des marqueteries au marbre, tout est local. L'art brésilien est omniprésent et se mêle subtilement à l'architecture. Il en est ainsi de l'intervention minimaliste du carioca Daniel Senise, qui célèbre la mémoire et le temps qui passe : des pans de murs anciens couverts de graffitis, dont il a conservé – et souligné – la beauté surannée, apparaissent comme une surprise dans l'un des couloirs.

 



Dans la Cidade Matarazzo, la tour Mata Atlântica de Jean Nouvel fait partie du nouvel hôtel Rosewood São Paulo. 

Mais c'est la tour Mata Atlântica, de Jean Nouvel, en cours de finalisation, qui attire tous les regards, avec ses arbres de plus de 14 mètres qui l'habillent et le bois suggéré dans le bardage. « Il n'était pas possible d'en utiliser sur la façade d'un immeuble de cette hauteur, donc j'ai intégré du métal de la couleur du bois, un peu ambigu, me permettant de réaliser une harmonie avec l'environnement », explique l'architecte. Sa tour voisine avec un autre bâtiment, signé par Rudy Ricciotti, enveloppé par des racines-troncs et baptisé Ayahuasca, plante psychotrope utilisée par les tribus indiennes.

 

Utopie verticale et végétale


 La boutique-atelier de Paula Raia de l'architecte Jean Nouvel. 

 La nature est reine à la Cidade Matarazzo alors qu'elle est à deux pas de la célèbre avenue Paulista, Champs-Élysées locaux, puissance 10. On la parcourt de préférence le dimanche à pied – avant qu'elle ne soit rendue aux voitures à 16 heures. Il y flotte alors un air joyeux de fête populaire entre odeur de maïs grillé et accords de guitare. Le musée d'art MASP est le symbole de l'avenue. Juché sur des pilotis de béton, il fut imaginé par l'italienne Lina Bo Bardi dans les années 1960, créant ainsi une visibilité sur le parc voisin et un lieu d'échange dans l'espace public. Un geste architectural, mais aussi politique après le coup d'État militaire de 1964 qui musela la liberté d'expression. Plus loin, se dressent le centre culturel de la Japan House, dessiné récemment par l'architecte Kengo Kuma, et l'Institut Moreira Salles aux très bonnes expositions de photographie. « São Paulo est une ville chaotique. Elle manque de personnalité, mais c'est justement ce qui fait sa personnalité », remarque le Pauliste Isay Weinfeld, l'un des architectes contemporains les plus connus du Brésil. Beaucoup de bâtiments sont sécurisés. Ils sont entourés de murs et dénués de jardins ouverts. » Inspiré par le cinéma (Tati, dit-il, est son « maître »), son nom est associé aux fameux restaurants Fasano qu'il a dessinés (le dernier était à New York). On lui doit aussi l'une des librairies Livraria (sur le point de fermer) aux vitrines géantes, servant de bibliothèque mobile et de porte d'entrée à la fois, ainsi que la ­sublime boutique atelier de la créatrice Paula Raia.

 

La ville où le béton est roi

Dessiné par l'architecte Ruy Ohtake, l'Institut Tomie Ohtake propose de riches expositions. 

Sans la famille Ohtake, São Paulo ne serait pas la même. La mère, Tomie (1913-2015), connut un succès phénoménal. Ses peintures et sculptures colorées ornent la ville. Son fils Ruy (1938-2021), architecte, est l'auteur de l'Hotel Unique, de l'Institut Tomie Ohtake, aux expo­sitions de haut vol, et du merveilleux Studio Tomie Ohtake, qui se visite sur rendez-vous. Rodrigo, son fils, la quarantaine, a lui aussi plongé dans l'architecture : « Je n'avais pas le choix. J'ai grandi en mangeant du béton ! ». Son oncle Ricardo, devenu commissaire d'exposition après des études d'architecte (lui aussi !), ajoute : « Le béton est un matériau très utilisé ici pour sa flexibilité. Le Corbusier a eu une grande influence au Brésil. Nos architectes sont tous ses enfants. »


Signé par Ruy Ohtake, l'Hotel Unique est une expérience architecturale à vivre. 


Pas tout à fait. Eduardo Longo ne se revendique d'aucune école. À peine visible de la rue, sa Casa Bola est une curiosité saluée par Rem Koolhaas. Cette sphère des années 1970, posée sur le toit de la maison, déroule des intérieurs tout en rondeur, blancs du sol au plafond. Elle a la douceur d'un rêve utopique tout comme sa jumelle, peinte en rouge que l'on peut louer au mois. Enfin, havre de fraîcheur parmi les lances de béton et de verre, il faut découvrir le Parque do Ibirapuera, Hyde Park local, qui, le week-end, est envahi par les habitants qui roulent des mécaniques, en draguant gentiment. Là, comme en écho à la sensualité des corps, on apprécie les lignes acérées de la Biennale, de l'auditorium et les rondeurs de l'Oca, le palais des expositions d'Oscar Niemeyer, le maître brésilien.


Carnet pratique

VOIR -Pinacoteca de São Paulo

Pinacoteca de São Paulo est le plus vieux musée d'art de la ville. 


Fondé en 1905, c'est le plus vieux musée d'art de la ville. À la fin des années 1990, l'architecte Paulo Mendes da Rocha a brillamment rénové le bâtiment, laissant les murs en brique apparentes tout en créant des passerelles en acier. Époustouflant comme les expositions centrées, principalement, sur des artistes brésiliens du XIXe siècle à aujourd'hui. À côté, l'extension, Pinacoteca Contemporânea, devrait ouvrir fin 2022.

 

Casa de Vidro

 

Casa de Vidro.

Le premier projet de l'architecte, designer et scénographe star Lina Bo Bardi fut sa propre maison, mêlant éléments modernistes et vernaculaires. Aujourd'hui envahi par la végétation, l'étage s'ouvrait autrefois sur le ciel, répondant alors au sol carrelé bleu et accueillant le mobilier qu'elle avait dessiné.

 

FLÂNER

SESC POMPÉIA


SESC Pompéia, une usine transformée en centre de loisirs et de culture.

 

Il y a quelque chose de théâtral et de rugueux dans cette usine transformée en centre de loisirs et de culture. L'architecte Lina Bo Bardi a conservé les bâtiments initiaux en y ajoutant une impressionnante tour de onze étages en béton armé, où se tiennent expositions (Amazonia de Sebastião Salgado jusqu'au 31 juillet), lectures, ateliers…

 

  Paula Raia

 

L'atelier et la boutique de Paula Raia dans un cube de béton. 

 

À la demande de sa cliente créatrice de mode, l'architecte Isay Weinfeld a rassemblé sous le même toit l'atelier et la boutique dans un élégant cube de béton. En profiter pour se balader le long de la rue qui compte d'audacieuses architectures de boutiques.

   GOÛTER

La fabrique Dengo Chocolates

 

La fabrique Dengo Chocolates a installé une boutique au rez-de-chaussée, doublée d'un bar au délicieux chocolat chaud.

 

L'agence Matheus Farah e Manoel Maia Arquitetura a installé une boutique au rez-de-chaussée, et bar au délicieux chocolat chaud. Il n'y a pas meilleure place pour observer le raffinage des fèves qui arrivent par des conduits transparents dans un atrium central. Au premier, on produit ses tablettes personnalisées et, au second, on déjeune sur une charmante terrasse.

 

Aizomê

 

Aizomê, le restaurant de la chef Telma Shiraishi. 

 

Après les nourritures spirituelles des expositions à la Japan House suivent les nourritures de la chef Telma Shiraishi. Sa cuisine contemporaine est une façon, aussi, de rendre hommage à la communauté japonaise de São Paulo, la seconde hors du Japon.

 

 

 

 

RÊVER

Hotel Unique

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L'hôtel Unique et sa porte de 7,5 mètres s'ouvrant sur un espace de 25 mètres de haut.

 

Il porte bien son nom. Ce bâtiment, à la forme d'une arche inversée, offre une expérience architecturale signée Ruy Ohtake. On y entre par une porte de 7,5 mètres s'ouvrant sur un espace de 25 mètres de haut. L'ascenseur ? Aussi sombre que les couloirs qui mènent aux chambres lumineuses et bien pensées. Le toit terrasse est coiffé d'un bar et d'une piscine jouxtant le restaurant, qui offre une des plus belles vues de la ville.

Rosewood São Paulo

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Le Rosewood São Paulo célèbre la culture brésilienne, de la nature à l'art contemporain en passant par l'artisanat. 

À peine ouvert, cet hôtel est devenu la coqueluche de la ville. Tout ici célèbre la culture brésilienne, de la nature à l'art contemporain en passant par l'artisanat. Un luxe subtil habille les chambres aux sublimes salles de bains en marbre local. Parmi les restaurants, on piochera avec gaieté dans les plats à partager de la table Taraz aux saveurs de l'Amérique du Sud.

 

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