Virus au Brésil: le chaos sanitaire en Amazonie suscite l'indignation
AFP, publié le samedi 16 janvier 2021 à 06h49
Le manque d'oxygène dans les hôpitaux
de Manaus, en Amazonie, confrontés à une forte poussée épidémique, a provoqué
vendredi des concerts de casseroles dans les grandes villes du Brésil en
protestation contre le président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
"Bolsonaro, dégage !",
criaient avec colère de nombreux Brésiliens depuis leurs fenêtres dans
différents quartiers de Rio de Janeiro, Sao Paulo ou Brasilia, qui n'ont pas
manifesté de cette manière depuis le milieu de l'année dernière, alors que le pays
traversait le pire de la première vague.
L'Etat d'Amazonas (nord), qui a connu
en avril et mai derniers des enterrements collectifs et l'effondrement de son
système de santé, vit depuis quelques semaines une nouvelle reprise épidémique,
qui a saturé les hôpitaux et épuisé les réserves d'oxygène.
Le Brésil a été profondément choqué par
des images circulant sur les réseaux sociaux montrant des familles de patients
amenant à l'hôpital des bombonnes d'oxygène, des récits de médecins racontant
devoir ventiler manuellement les malades et de patients mourrant asphyxiés,
tandis que le gouvernement local a instauré un couvre-feu pour dix jours pour
tenter de contenir l'épidemie.
Ce vendredi, des dizaines de personnes
faisaient la queue devant une station de distribution, avec l'espoir de pouvoir
remplir des bouteilles d'oxygènes pour leurs proches hospitalisés.
"C'est
pour ma grand-mère, le dernier cylindre s'épuise et celle-ci est une recharge,
je ne sais pas à quelle heure j'arriverai, mais je pense que j'y
arriverai", a déclaré à l'AFP David Mafra, se tournant pour déplacer la
lourde bombonne, presque aussi haute que lui.
Les craintes ont redoublé depuis
l'identification de la région comme origine d'un variant du virus qui, selon
les scientifiques, pourrait être plus contagieux.
Le directeur chargé des questions
d'urgence sanitaire à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Michael Ryan,
a prévenu vendredi que "si ça continue comme ça, nous allons voir une
vague encore plus forte que la vague catastrophique d'avril-mai" dans
l'Amazonas et en particulier à Manaus, sa capitale.
- Pénurie d'oyxgène pour les bébés
prématurés -
Le gouvernement fédéral a indiqué
envoyer des bouteilles d'oxygène et a commencé à évacuer des patients par avion
vers d'autres Etats pour tenter de soulager le système de santé de Manaus,
située au coeur de la forêt amazonienne.
Le manque d'oxygène affecte tous les
patients qui en dépendent, et pas seulement ceux qui sont hospitalisés en
raison du Covid-19.
C'est le cas de 61 bébés nés prématurés
qui, au bord de l'épuisement des réserves, devaient être évacués dans d'autres
Etats, bien que le ministère de la Santé ait annoncé vendredi qu'il avait
réussi à alimenter ses réserves d'oxygène pour garder les nouveau-nés à Manaus
pendant encore 48 heures.
Le chaos en Amazonie a ravivé les
critiques à l'encontre de M. Bolsonaro et de sa gestion de l'épidémie, qui a
déjà fait plus de 208.000 morts au Brésil, un chiffre que seuls les Etats-Unis
ont dépassé.
Le président - un sceptique du virus
qui s'est opposé aux mesures de confinement et défend, au contraire,
l'utilisation de médicaments sans efficacité prouvée contre le Covid-19 - a nié
toute responsabilité vendredi.
"Le problème est terrible là-bas
[en Amazonie], mais nous avons fait notre part, avec des ressources, avec des
moyens", a-t-il déclaré.
Depuis novembre, le Brésil connaît une
recrudescence des contaminations et des décès, aggravée par la période des
fêtes de fin d'année.
Le géant sud-américain s'apprête à
lancer sa campagne de vaccination ce mois-ci, mais le gouvernement n'a pas
encore fixé de date précise car il attend les autorisations des vaccins par les
autorités sanitaires.
De plus, l'avion qui devait décoller
vendredi pour l'Inde afin d'acheminer deux millions de doses du vaccin
AstraZeneca/Oxford, a été reporté "de deux ou trois jours", selon M.
Bolsonaro, en raison de "pressions politiques" pour que le pays
asiatique donne la priorité au lancement de sa propre campagne de vaccination.
Le vaccin chinois CoronaVac attend
également son autorisation d'urgence, dont six millions de doses ont été
importées et sont conservées à Sao Paulo.
Nenhum comentário:
Postar um comentário